Gérard Noiret
Toutes voix confondues
Ces trois poèmes sont extraits du dernier livre
de Gérard Noiret "Toutes voix confondues".
Ce livre est édité dans la collection Les
beaux jours aux éditions Maurice Nadeau.
L'OFFENSIVE
L'oeil du lapin,
dont la gueule est sur la
table, encore chaude, encore douce
L'oeil du lapin
avec sa paupière mal fermée,
l'iris tourné vers le rien
Voilà
ce qui habite quand la mort vous
brandit au-dessus des tranchées
Laissant griffer la lumière, une
ultime fois,
aux membres postérieurs
in Toutes voix confondues.
Ed. Maurice Nadeau.
DE LA FALAISE
Aussi nombreux que
soient, depuis des âges,
les corps de ceux
Qui, s'élançant,
les armes à la main, tombé-
rent avant le rivage
Et furent mêlés au
varech, aux crevettes, et
roulés par les vagues
Aussi nombreux
qu'ils soient ! leurs dépôts
n'augmentèrent pas
D'un seul
millimètre la tourbe qui fait le
gros
dos entre les mares
in Toutes voix confondues.
Ed. Maurice Nadeau.
LES PROPORTIONS
Sous le ciel
d'orage, les emplettes finies, on
visite La Ferme des Fusillés
Là, par
crainte d'un reproche, nul ne
s'adosse mais tous évaluent
La distance des
poitrines aux fusils
Après quoi,
stupéfait que l'histoire se fasse
avec si peu de recul
Un cousin
parle de choc identique, la fois
où il a découvert
Un court
de tennis en dehors de l'écran
in Toutes voix
confondues. Ed. Maurice Nadeau.
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