Mario Urbanet
Mario Urbanet est né le 28 Novembre 1935 à Saint-Germain-en-Laye dans une famille originaire du Frioul (Italie du Nord). Conteur depuis 1997 il assure également des lectures, notamment pour la Maison de la Poésie de Guyancourt (78). Il préside l’association du groupe Poètes d’ici qui rayonne sur la Ville Nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines.
Plusieurs de
ses poèmes ont paru dans les revues Aujourd’hui
Poème, Ecrit(s) du Nord et Plumes au Vent.
Deux ouvrages,
un recueil de poèmes et une adaptation de contes traditionnels bulgares,
paraîtront en 2005.
Mur de Sable ( Brûlures d’Algérie) – poèmes –
aux
éditions Le Temps des Cerises et Les facéties de Pierre le Rusé aux
éditions Albin Michel.
Ce poème
intitulé impressions est inédit.
impressions
Turner
initial color
la forme s’estompe rentre dans l’œil
juste
la substance lumière diffuse sur
le
lac re-création du spectre primaire
cercle
plein enfantement solitaire la lune
le
reste est ombre sombre rien qui
compte ou se remarque faire à voir
retour d’un lointain incertain voiles amantes
endormies la caravelle lasse croise
deux
passeurs pour quel trafic matutinal
salutations
sobres au soleil
levant
entre Mantes et Vernon la Seine
riance la peinture ensoleille esthétise
le
dur labeur des paveurs
anoblit le sort
des
gens de peu et de tout
venant
taches
révérences élégiaque avivement
l’arapède toise
l’exilé maître d’un empire
déchu la ville s’estompe le rêve
passe le ciel rougit l’art subsiste résiste
la
gloire feinte est défaite défunte
champs de bataille
rien n’y pousse de bon
sur
les corps morts trop de
déchets
oriflammes
et baïonnettes dérision gâchis
Tamise nimbée d’argent le Parlement
fantôme promis au bûcher deux bavards
sur
un môle fument des mots aussi
les
steamers les fumées iront loin et tard
Whistler
Londres grisaille bassine de brouillard
rames gréements
coques forêt
intemporelle le
bois au pied marin flotte
T
u le sang de Turner écarlate colorie
r une ville sur le fleuve aux eaux calmes
n le soleil se noie dans la Tamise
r matrice le jaune
enfante le rouge
qui reflète
l’autre ? l’œil abdique laisse
la main
peindre guide la brosse
le pinceau lance ses
s. o. s. en morse
avertit
des générations de peintres
le soleil se couche sur la seine théâtral
dans
un décor de mille et une
pluies
miroir buée
respiration tout s’efface
tout
se réinvente Tamise d’argent lisse
satin
futile qui rutile utile partition
pour
ligne musicale mots notes en gris
Whisler
le point rouge carmin
là à droite et
sa
virgule vaut que le reste soit nuit
néant abyme triste la toile
resplendit
la fusée qui retombe instant d’après
l’après
éblouissement peint
devient
événement le futur tout retombe
scories cendres le futur est cendre
Monet
la couleur est blanche
lente re-constitution
à
poursuivre lettre à
finir chacun
débâcle
sur la Seine à Bougival
les
glaçons s’enfuient de blanc vêtus
gouttes
cristal engelures prisonnières
le
pont de Waterloo bleu
horizon d’une
rive à l’autre
la guerre chante et
meurt
Austerlitz s’englue dans la purée de pois
exactement à cet endroit le soleil pose
chaque jour
son image sur la Tamise
les deux rameurs ont disparu Monet non
l’or vient faire la planche en surface
cligne dans l’œil ébahi du clochard
l’oubli
reste au fond s’enlise dans le
limon
Londres
se consume dans son
regard
Monet peint le feu l’eau elle même
brûle
ses
vaisseaux sa mélancolie ses amours
Venise
est bleue Venise est nue Venise
est
sombre Venise éclate au
couchant
s’ouvre
au levant Venise est couleur
de
palais de taudis beauté intérieure qui
rit
Mario Urbanet Paris Grand Palais 25 novembre 2004
__________________________________