Ces poèmes, tous inédits, sont extraits d’un ensemble intitulé MAINS. Le premier livre d’Isabelle Guigou “lambeaux de jours” a paru en 2001 à La Bartavelle éditeur.
J’écris à la lueur d’espoir
D’espoir de déchiffonner les existences en boules par quelles mains ainsi réduites?
D’espoir d’écarteler les doigts de brume qui nous détiennent
J’écris pour qu’une main émerge libre
Emarge
Les feuilles de présence. la vie frôlée.
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A plat ventre sur les jours
Nous creusons
Avançons le bras vers la rencontre
Evidons de nos ongles l’opacité du sable
Jusqu’aux palpitations d’une main pressentie au travers du dernier voile
Enfin le goût de ces doigts sur les nôtres
Un attouchement de lumière.
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Mains ton regard
Mains tes lèvres
Mains ta voix
Mains tes mots
Maintes et maintes mains
Mon cœur touché
Coulé
Si mes doigts ne te le livrent
Si les tiens ne le cueillent
Cèdent les surfaces
A l’insistance du toucher
Comme s’écaille l’écorce du platane
Sens-tu sous tes doigts
Sourdre la vie?
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Un ciai domnà tà rog*
Ta voix de bois mort
Et en couronne autour du bol que je te tends
Tes doigts d’épines
Mes yeux s’y lacèrent
Tu portes seule la croix
Sur tes épaules de vieille tsigane.
* Un thé madame s’il te plaît
◊
Je suis
Dans le coffre d’une voiture
Les enfants tsiganes nous poursuivent en courant
Ils sont
Dans leurs mains qui demandent
Je prends
Des photos
Est-ce répondre?
◊
A la porte de tes paupières
Je reste
Tu ne réponds pas
Il y a sur la table
Ton Poing
Dur
Comme une grosse pierre au milieu d’une route
A l’éboulis.
◊
La main crépite
Autour d’elle nous nous réunissons
Au plus près
Sa chaleur fond les paroles gelées
Nos lèvres au même moule.
◊
Le temps d’une après-midi de campagne
S’attarde sur la main : taches violacées, accrocs de chair
Croire que le savon nous rendra
A la toile blanche d’une paume
Au recommencement du nous.