Fabien Claude-Marie

 

 

 

 

Ma chère Clara,
Rouge et bleu,
Les yeux de cet enfant caressent un ballon,
Sa barbe sourit, naïvement,
L'éclat de ses verres sur ce poney,
Fasse qu'il ne pleuve pas avant que j'arrive;

Je t'embrasse,
A vingt-quatre degrés,
Je jouerai du trampoline sur un arbre,
Ça fera rire le monde,
Même si les chiens se battent,
Même si les roues tournent et se baladent
Dans le paysage jaune, de Vincent;
N'oublie pas de marcher lentement;

La verdure est un long tunnel
Et trois jours ne suffiront pas à te manquer.
Sur mon vélo à sacoches.

 

 

 

 


Je peux  poser  une  question ?

 

Qu'est-ce qui nous sépare ici?
Y'a-t-il un lieu qu'on ne voit plus?
Est-ce qu'on ne sera jamais entouré d'autres personnes?
Qui m'interdit de te voir autrement?
D'où ne viens-tu pas?

 

Est-ce que tu sais quelque chose ?
Ton visage a-t-il oublié pour qu'il ait tant changé?
Y'aura-t-il encore une voix pour se moquer de nous?
Et si tu ne cachais rien?
Quand as-tu l'impression que ce n'est pas un rêve?

 

 

 

 


J'ai tué une amie
Qui courrait sur mes mains,
Son visage comme un jade,
Cerclé de porcelaine,
Avait attendri le rebord d'une fenêtre,
Dans un cendrier noir, assise,
Elle était posée vers moi
Au loin, les esclaves chantaient leur tristesse,
Je pleurais des cailloux,
Ceux qui servent pour le chemin des baptisés.

 



Elle, elle courait dans l'air,
Zigzaguant entre nous,
Nous faisant sentir cet espace habité;
Elle était visible, puis indistincte,
Comme pour nous tirer, avec une attention doucereuse,
Vers un autre pays.

Nous, nous étions des poteaux,
Comme pour atteindre un bus,
Et nous regardions tous quelque part,
Dans un hall où il manquait deux murs, et où,
Comme si c'était un pont, le ciel s'engouffrait;

On croyait voir sa transparence dans un morceau de vent,
Ou sentir sa peau onctueuse nous passer sous le nez;
Nous avions oublié l'heure,
Nous avions oublié que nous ne nous connaissions pas.