Louise Brun

 

 

 

 

CERNES BLANCS

 

 

 

À ma mère.

 

 

I.

 

Cernes blancs

s’éploient

dans le creux de la page

au rythme de mon cœur

serré

instinctif et négligeant

de la durée, s’épuisant jusqu’à

l’épuisement

dans l’épuisement

de la douleur

l’aube,

 

Ne sait encore où elle va, ni même

ce qu’elle découvre, ce qu’elle dévoile

si grande est à ce point précis

l’incertitude

 

la douleur est le seul signe

qui subsiste, il n’y a pas eu

d’effacement

 

 

 

 

II.

 

Les larmes coulent

de sang

                 (morte)

                 se défont

 

et les abîmes ensanglantés, l’épuisement de la douceur

 

les yeux fermés ou à demi

Cœur maquillé, tu pleures dans l’enfantement de la nuit propice

 

Il n’y a plus loin

plus si longtemps, je pense

à attendre, l’aube

aux cernes blancs

Mais ce qui subsiste

viendra-t-il seulement ?

 

 

 

 

 

III.

 

   La mémoire de ce qui fut ressenti, juste avant la mort, se superpose à la plus

 grande douleur ressentie auparavant, peut-être est-ce le chemin qui me mène jusqu’à

 toi qui vas mourir

                    

maintenant l’AUBE blanche, livide, horizon de suture,

 espace paradoxal et encore douloureux de

l’accomplissement

déjà venu et à venir.