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Pas moins d’une trentaine de poèmes pour se remémorer
cette période d’une guerre qui ne disait pas son nom. Poèmes d’où émergent, en
quelques lieux du livre, des extraits de lettres rappelant ici, la présence
éloignée d’un cousin, là, d’un ami ou
encore en son centre, celle tutélaire et affective du père et de la mère de
l’auteur. À vingt ans, immergé dans l’Algérie des « événements », la
solitude est lourde, la guerre impensable et la vision de ses atrocités
insoutenable. Elles resteront pourtant gravées dans la mémoire d’une vie. Il
aura fallu l’œuvre du temps qui passe, Mario Urbanet était un jeune homme dans
les années 1956, et cette rencontre avec les mots et l’écriture pour
qu’affleurent par ces poèmes que nous découvrons aujourd’hui, les souvenirs
toujours brûlants de cette période sombre d’une réalité longtemps occultée.
Je ne tuerai
pas / un autre moi-même, est un vers
qui dès les premiers poèmes du livre inscrit la détermination du poète, cet
homme jeune refusant toute compromission avec cette guerre qui ronge l’autre
côte de la Méditerranée française. On suit ce jeune homme, au fil de la lecture
des poèmes dans des épisodes de vie remémorés affleurant à la mémoire de
l’homme, le poète d’aujourd’hui. Certains de ces épisodes jaillissent alors,
vifs, pesants, marquant notre propre visage d‘une gravité funeste. Comme après
la lecture de ce poème intitulé Berger des étoiles où nous devenons à notre tour témoin, et pas
seulement d’actes de guerre – et il n’en est pas d’anodins !- mais du
crime d’un enfant, fils du monde, frère, notre contemporain. Se succèdent
alors, scènes d’élections frelatées, actes de répression primaire, sordides, où
le singulier parfois jailli lorsque la
peur, l’inquiétude, l’horreur se mêlent, ici à la beauté d’un paysage - Involontaires -, là à la complicité des insectes - Les mouches -.
Comment la
peau pouvait contenir tant de chair Cinglant, ce
vers extrait du poème - Libérables -
agrège autour de lui des images de mort, les horreurs de la guerre, le deuil sans cortège d’espoirs. Mais est-ce
un hasard si ce poème est inscrit sur les pages centrales du livre ?
Oui, comment la mémoire au fil des ans peut contenir
tant de – chers -, tant d’horreurs, tant de souvenirs tus ? C’est à cette
question notamment, que la lecture de Mur
de sable nous engage à répondre.
Nous appelle à réfléchir, quand à chaque poème s’entrechoquent, la beauté des
paysages, les horreurs de la guerre et la dimension de la conscience humaine.
hm