AVERS suivi de CAP BLANC
Jacques Girard
Editions MANNES 45 p
Dès les premiers poèmes, des monologues
intérieurs font entendre leurs voix.
Voix qui interpellent, questionnent, interrogent. Dans les vers, les
pronoms personnels alternent, - il, tu,
je - et – vous -, sont employés indistinctement. À qui s’adressent-ils ? À d’autres ? Ou au poète lui-même cherchant
sa voix dans la distance de cette appellation de soi ? Jacques Girard témoigne
avec ces poèmes de la difficulté à apparier nos désirs aux actes de notre vie.
Cet – Avers -, teinté d’amertume, est la face sans tain du miroir – poli - de
nos jours. Il existera toujours un écart entre nos voeux et leurs réalisations.
Mais dans cet écart là se tient, et notre lutte de chaque jour, et notre
volonté inscrite d’en réduire l’espace. Notre vie de vivant est inscrite toute
entière, dans cette conscience là! Dans
le lieu de ce livre le poète fait face à lui-même. Il évalue l’écart, revisite
son
passé, dénombre les ornières et les
chausse-trappes rencontrées, retrace le chemin à rebours comme pour établir un
état des lieux.
Débarqué de partout/ Tel fut son
titre de noblesse/ On peut rêver d’un autre
pedigree/ Pour justifier sa
disgrâce, On n’empêchera pas l’arête du destin / De
vous rester en travers de la gorge/
Un chemin de traverse empli
d’embûches que le poète interroge. Le livre est ici l’espace où s’affrontent
les multiples tenants d’une dualité intérieure. Dans ce questionnement du -
Qui-est-Tu ? - l’être est tiraillé entre l’homme et le poète. Quel chemin
faut-il suivre ? Aurait-il fallut prendre ? Quel destin s’est jeté contre la volonté
? L’incertitude alimente d’inquiétudes notre conscience d’homme. Le livre
témoigne de la difficulté de tenir un - juste - cap entre l’appel de nos désirs
et la projection dans l’avenir de notre visage humain. Et ce n’est peut-être
qu’en se confrontant à la limite que peut représenter le – Rien – que nous
apparaissons
enfin, nu et vrai.
J’avais banni toute recherche,
Tout divertissement, qui tiennent
lieu de toi,
Pour me confronter au seul rien.
hm