Le jardin des adieux
Alain Duault,
Gallimard 80 frs
“ Le sable inlassablement bat l’amble et semble las
Nous n’irons plus au bois Le vent là-bas près du grand Mont
Le vent s’en va et moi je vois l’eau blanche l’eau
Qui envahit l’écran éclaboussé Nous ne saurons plus ce
Qui tremble l’eau s’écoule comme le sang pâle le vent ”
Les premiers vers du recueil donnent le ton de l’ensemble : un lyrisme ample mais maîtrisé où
chaque mot a sa nécessité mélodique. Une fugue souvent mélancolique qui parle d’amoureux
séparés par la mort, et de l’amour qui voudrait être fort comme la mort ; où l’auteur souvent se
souvient des jours heureux et cherche à ne pas pleurer. Le texte se fait l’écho d’autres textes,
comme du pont Mirabeau d’Apollinaire (souvent)
“ combien de sang a-t-il coulé sous le pont
Mirabelle ou pêche et framboise ”
d’une chanson populaire ou du cantique des cantiques. Parfois les images sont fortes, presque
violentes. L‘abondance des images, l’ambition lyrique et l’humour (politesse de la douleur ?
Mais sommes nous condamnés à ne plus pouvoir dire nos douleurs postmodernes qu’au second
degré ?) n’empêchent pas une extrême précision dans l’expression des sentiments, qui devrait
toucher plus d’un lecteur.
eh