Pauvreté essentielles  suivi de Digressions

 

Yves Broussard

 

Éditions Autres temps Marseille)  & Écrits des Forges (Québec)

 

102 pages - 9,15 Euros.

 

 

YVES BROUSSARD OU LA TENTATION DU BONHEUR

 

Rien de mieux pour comprendre le dernier livre d’Yves Broussard comme pour comprendre d’ailleurs toute sa quête que de citer la postface de Digressions, postface sous forme de courte citation (majeure) empruntée à  René char : “ En poésie on n’habite que le lieu que l’on quitte, on ne crée que l’oeuvre dont on se détache, on obtient la durée qu’en détruisant le temps ”. Tout est là. Car à l’écoute du temps et

“ dans l’alliance parfaite

de l’éphémère

et de la transparence ” (p. 79)

l'auteur atteint et nous apprend à faire nôtre la “ pauvreté essentielle ”, celle que depuis des décennies tous les poètes qui comptent tentent, comme Broussard, de saisir pour venir porter le fer et s’inscrire en faux contre le matérialisme.

 

Le poète marseillais restera celui, qui au fil des recueils, et pas à pas est capable de saisir l'instant, celui qui:

"Né d'un froissement

d'herbe

(…)

fascine les abeilles

 

et les dieux". (p. 46)

Dans une circulation prismatique la langue est donc confrontée à cette confrontation communiquante. C'est pourquoi  "Pauvreté essentielle" - comme tous les derniers textes de Broussard - résonne  comme bien sûr un poème (qu'il est) mais aussi une sorte  d'essai-ouverture. Certes, l'ouverture était déjà dans la musique - à l'instant du “ premier ” accord - dans Commune Mesure ou Chemin Faisant. Mais peu à peu  le poète est allé plus loin dans une sorte de rupture de la versification et du verbe pour leur donner une force (et une forme) de réception et d’attente qui répond à cette "pauvreté essentielle" revendiquée par l'auteur.

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