Lueurs de fin
Gérard Bocholier
Rougerie -2000-
72 frs
La poésie de Gérard Bocholier est secrète, retenue, lyrique. Elle écarte l'anecdote, l'éclat de voix gratuit
et s'enracine dans l'expérience intime. Elle procède par textes courts (notamment ici), par vers brefs,
et construit pourtant patiemment sa musique, loin de la sécheresse lapidaire et grinçante d'une bonne part
de la poésie contemporaine. La langue n'est pas un monstre né des dernières manipulations du laboratoire
de l'auteur : elle est élégante et classique, c'est à dire tendue, consciente, juste et complexe.
“ Je suis d'ici / Et de là-bas/ Une chair d'ombre/ Et de poussière ”
Ces textes hantent la lisière décisive, celle de la vie et de la mort. La vie tenace, agonistique, lumineuse et
douloureuse d'où nécessairement le texte s'écrit
(“ Vois qui je suis/ un poing de ronce ” ,
“ la mort reste à couper/ sur le rosier secret ”). La mort, lame qui déchire, et peut-être éclaire,
le tissus du vivant. La mort qui est mort de l'autre, inévitablement, mort du proche, c'est à dire, en définitive,
du double, aussi intime que soi-même, celui qui partageait notre vie d'exil.
“ O forme humaine si inhumaine/ Au fauve sourire d'enfant ”
Elle est cette lame qui déchire, et peut-être éclaire, le tissu du vivant.
En trois temps le recueil s'achemine de l'éclat blessé vers le
“ ...pli/secret pour l'espérance/ Et la grâce du chant ”, où - grâce - est à prendre dans son sens fort et religieux.
Les trois suites de textes de la troisième partie (Visitation- neige-chemin) sont comme des balises vers ce chant espéré,
dans la lumière de la neige, qui rend le monde étrange à lui même, où s'achève (provisoirement) ce cheminement.
eh