Ici n’est plus très loin

Danièle Faugeras

Éditions la Part de l’Œil (Bruxelles)

89 frs

 

 

Ce livre est composé de quatre ensembles. Le dernier de ceux-ci Le refuge des souffles (Gravir)

est précédé de deux citations, l’une du poète chinois du XIe siècle, Sou Tong P’O et la

seconde d’André Du Bouchet. Si je songe à Jacques Dupin qu’avec incertitude pour ce titre second

de - Gravir -, l’écriture conforte par sa forme et son rythme - sa foulée ? - cette référence à Du

Bouchet. Avec ces indications, le lecteur pourra situer l’espace où se livre l’écriture de cet

ouvrage. Exigence dans la précision du vocable, ascétisme de la langue pour atteindre, - approcher

-, ce qui fait sens sous les pas, le souffle de nos êtres. Éphéméride le plus volumineux des

ensembles rassemble des poèmes écrits entre 1985 et 1997. Avec les dates pour seuls titres,

certains de ces poèmes composés de strophes brèves - comme des haïkus -, me paraissent des

miniatures saisies au temps qui passe - qui se dérobe ? - et d’où se jouerait, en deçà ou au-delà de

ce qui est perçu, senti ou entendu, l’essentiel, “ce” que le poète s’attache à capter. L’écriture,

comme une avancée du pas est une progression en soi et vers soi, avec la réalité  du sol  pour

seul miroir. La pensée - cette foulée de l’esprit? - s’évase puis se resserre à mesure que les pas avancent et

s’acharnent dans leur quête, cette ascension de soi. Dans cette marche - ouverture vers des

possibles et présence du réel - une respiration s’instaure, le souffle vif du poète. Écrire est

toujours une approche de la crête, pénible parfois mais ce n’est qu’à ce prix que les cimes

révèlent leurs horizons. Et le poème alors, peut devenir ce lieu : “là où s’atteint le nom” (titre

d’un poème). Le vers dans ce poème y attache toute son énergie. Et ces assonances approchées ;

Âmes/de ces mots/armés/-amorces (autant : harpons/projetés pour crocher/l’étendue

/..” une parenthèse ici s’ouvre, sans se refermer. Le mot dans des assonances d’A, est approché

mais non saisi. La tentative est vive : “Mais la visée du nom heurte/l’insaisissable”, vaine !

Mais, c’est le geste qui prévaut !

hm